Raquel Veiga – Éveillez vos sens avec l’univers du Tantra #51/2

Raquel Veiga

Raquel Veiga, éveillez vos sens avec l’univers du Tantra.

Dans cet épisode d'”Entr’Nous”, le podcast animé par Olivier Mageren, sexologue, nous sommes transportés dans un voyage envoûtant à travers les mystères du tantra en compagnie de l’experte et passionnée en tantrisme et massage, Raquel Veiga.

Poursuivons l’aventure de l’épisode précédent. Comme nous vous l’avions annoncé, nous allons dédier quelques épisodes à la thématique tantra. Car le tantra est complexe, comment le comprendre ? Qu’est-ce que c’est et pourquoi beaucoup de gens s’y intéressent et y trouvent des pistes d’épanouissement ? La suite du contenu est inspiré par de très nombreuses discussions au fil des années par des gens et client.e.s qui contactent le LHC au sujet du tantra en quête de découverte, recherches, compréhension, expérience, épanouissement. Alors allons-y, continuons cette découverte.

À travers des échanges empreints de sagesse et de profondeur, Raquel révèle les secrets de cette pratique ancestrale qui va bien au-delà de la simple sensualité.

Au fil de la discussion, Raquel et Olivier explorent la philosophie du tantra qui transcende la notion même du temps, invitant les auditeur.ice.s à plonger dans l’instant présent, quitte à oublier cette notion de temps afin de découvrir une connexion profonde avec soi-même et avec l’autre.

Iels dévoilent également comment le tantra offre une approche holistique de l’érotisme, en encourageant l’exploration de toutes les parties du corps pour une expérience sensuelle épanouissante de la relation (à soi, à l’autre, au « tout »). Pragmatique, simple, et tout autant spirituelle.

Ecoutez cet épisode d'”Entr’Nous” et laissez-vous guider par la voix experte de Raquel Veiga alors qu’elle vous invite à explorer les chemins du plaisir, de la conscience et de l’amour inconditionnel.
Une invitation irrésistible à ouvrir votre esprit et votre cœur à de nouvelles dimensions de l’intimité et de la sensualité…. Nous continuons l’exploration tantrique dans les prochains épisodes…

Liens utiles:

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Séquençage de l’épisode:

  • [00:00:20] Expériences corporelles et spirituelles du tantra
  • [00:03:48] Postures de prise de conscience
  • [00:05:25] L’instinct de l’amour
  • [00:06:39] Le tantra nourrit nos vies pour des décennies
  • [00:09:21] Conseils pratiques pour intégrer le tantra
  • [00:16:19] Le tantra comme alternative à l’urgence relationnelle
  • [00:17:51] La perception du temps dans le tantra
  • [00:19:00] Expérience du moment présent dans le tantra
  • [00:20:01] Exploration des zones érogènes et sensations diverses
  • [00:21:36] Patience comme clé de l’épanouissement sexuel
  • [00:24:09] Approche holistique du plaisir dans le tantra
  • [00:25:04] Diversité des orgasmes dans le tantra
  • [00:26:24] Dépasser la notion de préliminaires dans le tantra
  • [00:27:45] Responsabilité personnelle dans les relations
  • [00:28:19] Liberté et conscience de soi
  • [00:30:08] Conclusion et clôture du podcast

Transcription du podcast avec Raquel Veiga :

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Jingle Intro: [00:00:00] « Entr’Nous (voix féminine Katalin); Entr’Nous (voix masculine Olivier), le podcast (Katalin) pour parler (voix masculine Michel) de sexualité (Olivier) par vous (Michel), avec vous (Olivier), (Katalin) »

Olivier Mageren: [00:00:20] Bonjour, bienvenue dans l’épisode du podcast “Entr’Nous”, le podcast du “Love Health Center”, une association dédiée au bien-être, à la relation et à la sexualité. Comme prévu aujourd’hui on va vous parler de Tantra, au micro: Raquel, Michel et Olivier. Alors pour mieux comprendre le tantra, je vous propose la deuxième partie et on va parler effectivement de l’ensemble des expériences corporelles et on va dire psychique, sur lequel le Tantra met des mots, des explications. Ce n’est jamais exhaustif mais en tout cas, comme je le disais, c’est un des seuls domaines qui aujourd’hui met des mots sur des orgasmes énergétiques ou des orgasmes multiples et ainsi de suite. De dire “Mais non, ce n’est plus les seuls”, non, ce n’est pas les seuls, mais de manière globale qui peut donner des pistes de compréhension unique qui amènent à cette diversité d’expériences qu’on peut vivre dans le Tantra, et je vais inviter Raquel à en parler, c’est que j’imagine qu’à travers ta propre expérience individuelle, ou en partageant avec des personnes, que des personnes ont vécu des choses incroyables qu’ils n’auraient jamais vécus autrement. Moi, pour ma part, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, j’ai vécu des orgasmes du cœur, mais je n’ai lu ça que quelque part dans les livres de Tantra. J’ai vécu des expériences où j’ai l’impression d’être partout et ailleurs, et d’être un peu l’univers, et d’être un peu comme, parfois on voit plus cette description pour les femmes, où quelque part on est dans le corps et à l’intérieur, on est connecté à la nature, à tout le monde, et on dit mais “Waouh, c’est fabuleux quoi”. Qui peut me parler de ça? T’es presque à la recherche assoiffée de dire “Mais parlez-moi de ça, j’ai vécu, mais mettez-moi des mots dessus”. Et quand je lisais des livres de tantra, j’avais l’impression que l’auteur m’en parlait, que l’auteur l’avait vécu, que l’auteur le transmette et dire “C’est une voie d’expérience qui se transmet de manière orale plus, que par les livres, et donc on peut en parler des heures, ça passe par l’expérience du corps”. Et là je te donne la parole Raquel, par rapport à cette thématique qui est aussi une des pistes d’entrée, de compréhension, et d’intérêt des gens sur le tantra, ces expériences un peu fabuleuses, corporelles et spirituelles.

Raquel Veiga: [00:02:09] Oui, dans l’expérience tantrique, évidemment pour beaucoup, il y a le besoin d’expérimenter quelque chose qui vont au-delà du corps, en utilisant le corps. Donc aller au-delà du corps, oui, beaucoup de personnes rêvent d’expériences mystiques, de toucher ce point-là qui nous fait finalement nous connecter au tout. On a tous envie d’aimer inconditionnellement, mais c’est compliqué, comment est-ce qu’on fait? Donc le tantra amène à cette compréhension, et à travers le corps on peut vivre des choses incroyables. Donc il y a tout le côté énergétique évidemment, dans le tantra, où on porte attention à cette énergie, où on apprend à la guider dans le corps. La montée de Kundalini, par exemple, c’est prendre l’énergie à partir du sacrum et la faire monter jusqu’au dernier chakra coronal pour finalement, bon de un, ça rééquilibre toute l’énergie à l’intérieur du corps. Donc ça la, parce qu’on vit avec des blocages énergétiques, ça c’est clair, dans nos sociétés l’énergie elle est bloquée quelque part, elle circule pas bien, et surtout en sexualité, elle est souvent bloquée dans le bassin et on la laisse pas finalement fuir à travers le corps. Donc des montées de kundalini, moi je peux en parler, j’en ai eu une, et une fois que j’ai fait l’expérience j’ai pas cherché à la refaire. Parce que pour ma part, c’est ce que j’explique aux gens, il ne faut pas focaliser que là-dessus. Parce que si, encore une fois, si on enlève le côté du cœur et de l’amour de l’énergie, l’énergie n’est qu’une énergie qui finalement va faire des choses. On va vivre une expérience de Kundalini, mais on ne va pas l’intégrer si on n’en a pas pris conscience. Le tantra, c’est toujours un niveau de conscience. on est toujours à un certain niveau de conscience.

Michel: [00:03:48] Est-ce qu’on peut dire qu’il y a trois positions, il y a la position de celui qui n’a aucune conscience, qui sans même s’en rendre compte, a des extases mais les conscientise tellement pas qu’en fait il passe à côté de plein de choses de sa vie? Puis tu as les gens qui conscientise, qui gardent une maturité sur la réflexion de la conscience, comme toi et Olivier, où on se dit “Ben finalement, j’ai déjà vécu des moments comme ça, je les reconnais ces moments d’extase et je ne savais pas que c’était ça”. Et puis la personne qui “Ah ben tout d’un coup ça m’intéresse, je vais mettre le focus” et puis je mets plus que le focus que là-dessus, et finalement je me gâche mon expérience, je rate aussi tout, comme si j’en étais inconscient, et je retombe dans le même piège mais inverse. Encore une fois, le piège des extrêmes, est-ce que c’est correct de comprendre les choses comme ça?

Raquel Veiga: [00:04:25] Oui, c’est pas faux ce que tu dis. Je te rejoins dans le sens où si on focalise que sur l’énergie, on ne veut avoir que des expériences sensorielles, on n’est pas vers l’éveil, on reste dans la matière (Michel: Voilà). Donc tout le chemin tantrique, c’est de prendre conscience de cette énergie et de vraiment voir ce que ça crée. Donc Olivier parlait d’orgasme du cœur, ça c’est une véritable expérience, parce qu’il y a conscience, il y a conscience de cet état ouvert, cet état où on englobe le monde finalement, où on se met dans ce monde et on prend tout dans l’unité finalement. Et pour parler de mon expérience à moi, il m’est arrivé, et très, très souvent, de masser et d’avoir l’impression que ce n’était pas moi qui massait. Comme quelque chose de supérieur qui me guide, le mouvement qui suit le mouvement, la connexion, le sentiment d’amour. Et j’avais l’impression d’être une Shakti incarnée qui faisait les choses vraiment comme guidée par cet amour. Et ça va au delà de nous, ça c’est une expérience tantrique.

Michel: [00:05:25] Est-ce que c’est pas l’instinct de l’amour?

Raquel Veiga: [00:05:27] C’est juste qu’on se laisse habiter par l’amour, et qu’on est dans l’amour. C’est même pas quelque chose qu’on trouve, c’est quelque chose qui est là mais qui va pouvoir s’amplifier grâce à cette pratique de massage. Parce que quand je touche quelqu’un et que je me rends compte que c’est un être humain qui a vécu toute sa vie, qui a eu ses souffrances, ses joies, ses expériences, je ne le vois pas comme un corps ou quelqu’un qui vient, je le vois comme un moi-même qui est là. Et donc on rentre dans cette ouverture totale et ça peut être très furtif hein? Mais on sait qu’on l’a vécu, parce qu’on y a mis de la conscience, et on sait que dans cet état-là on aime inconditionnellement. Et puis on peut arrêter le massage, fermer la porte, retourner à sa vie quotidienne et retrouver une vie tout à fait normale, je veux dire basique. Mais dans ce moment-là, on vit une grande expérience et c’est ce que je souhaite à tous les masseurs et à toutes les masseuses de trouver dans ce genre d’expérience. Parce que ce n’est pas juste donner un massage à quelqu’un,  on est deux à faire quelque chose. C’est très important que la masseuse ou le masseur soit dans cette véritable expérience qu’elle souhaite inspirer à l’autre.

Olivier Mageren: [00:06:39] Et comme tu dis, pour moi je compare souvent, par exemple, l’expérience d’un orgasme très beau, comme par exemple le goût d’une fraise. Comment expliquer le goût d’une fraise à quelqu’un qui n’en a jamais mangé? C’est tellement complexe, il y a tellement de molécules, il y a tellement de choses qui interviennent, même le moment présent, le contexte dans lequel on l’a mangé, enfin le souvenir. Mais c’est fabuleux le goût d’une fraise, superbe. Mais comment l’expliquer à quelqu’un qui en a jamais goûté? Moi, ça m’arrive de parler avec des adultes et je dis “En fait, j’ai jamais eu d’orgasme ou j’ai jamais eu des grandes expériences”, mais voilà, il faut juste l’honnêteté de dire “Je sens que j’ai touché”, ou pas, et peu importe. Et souvent, comme tu dis, une expérience ça nous habite et ça nous nourrit pendant des dizaines d’années, et on ne cherche pas nécessairement à le reproduire, on pourrait, mais pas nécessairement. Et le tantra, certes nous permet, de cultiver plein d’ingrédients, qui à un moment ou un autre pourra nous faire expérimenter quelque chose d’un peu mystique, donc mystérieux et magique et super beau, voilà, qui nous transforme quelque part de l’intérieur, qui nous amène vers plus d’amour. Et oui, il y a des livres ou des ateliers qui peuvent être vécus comme “Oh c’est un peu trop structuré, c’est comme une recette de cuisine, ou des méthodes, ou ci ou là”. Oui, parce que c’est peut-être aussi la joie des gens d’avoir vécu quelque chose de beau et qui veulent documenter, transmettre et entre autres par des méthodes tout simplement, donc c’est humain. Mais on s’en détache vite, quelque part, on peut dire “Ah je suis passionné par le multi-orgasme et j’ai envie d’expérimenter jusqu’au moment, et je vais écouter plein d’auteurs, et des personnes qui ont expérimenté ça, pour comprendre et peut-être le vivre”. Et peut-être qu’en cherchant le multi-orgasme, on ne va pas le vivre, mais on va expérimenter quelque chose d’autre et on va être en mouvement dans ce flux de la vie dont tu parlais. Et c’est ça qui est important. Quelque part, ça ne se limite pas à l’obtention d’une expérience, parce que souvent elles s’invitent à nous, on ne l’a pas choisi hein? C’est un peu, ça se produit et puis « pof », on est un peu émerveillé parce que c’est là, ça nous surprend, vraiment.

Raquel Veiga: [00:08:18] Exactement, Exactement. Moi je dis toujours aux personnes qui s’intéressent au tantra “Lisez, instruisez-vous et puis mettez les livres de côté”. Parce que tant que vous êtes accrochés aux livres, vous n’osez pas vraiment expérimenter. Disons que le concept et l’idée peut nourrir hein? On peut avoir une idée, un concept sur l’amour qui nous habite, on est inspiré, mais il faut se détacher des livres et de l’intellectuel, parce que le tantra est tout sauf intellectuel. Et beaucoup de personnes, c’est leur chemin, elles ont besoin d’avoir toujours cette béquille de livres, s’y référer, dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, ça c’est assez courant. Mais une fois qu’on a compris le sens du tantra, à quoi ça va vraiment nous servir, après il faut mettre les livres de côté, et se mettre à expérimenter pour du vrai. Et comme tu disais il y a des choses indescriptibles, on ne peut pas décrire une expérience comme on dit mystique ou hautement spirituelle, c’est indescriptible. C’est comme tu dis, moi je dirais, c’est comme d’essayer de décrire la couleur bleue à quelqu’un qui ne voit pas. Par contre, on peut dire ce que ce n’est pas!

Michel: [00:09:21] Avec ton expérience, est-ce que, nos auditeurs et auditrices qui nous écoutent maintenant, tu serais en mesure de leur donner un exercice pratique à faire, un conseil sur un exercice pratique à faire. Non pas pour faire une expérience tantra, mais avec quelques conseils, faire quelque chose, ne fusse qu’un massage dans le couple, entre-eux, peu importe, qui leur permette de “Tiens, avec l’attention et les conseils que Raquel me donne maintenant, en pratiquant ça, je me rends compte effectivement qu’il y a un peu plus”. Est-ce que ça c’est, ce genre d’exercice est possible? Ou il faut vraiment avoir d’abord lu des livres, avoir un peu pris du temps pour se poser sur le sujet, pour démarrer?

Raquel Veiga: [00:09:57] Je conseille aux gens de lire les livres parce qu’on a des références, on sait d’où ça vient etc etc. Mais en soi, évidemment, quand j’ai des couples qui viennent, je leur parle pas de livres (Michel: Ben oui), je ne suis pas en train de le réciter l’histoire du Tantra, le Shiva, le Shakti et toutes ces choses-là, c’est pas tellement important, c’est leur faire prendre déjà conscience qu’ils ont les deux énergies en eux

Michel: [00:10:17] Et comment on pourrait leur proposer un exercice pour faire ça? C’est un contexte où c’est vraiment une pratique?

Raquel Veiga: [00:10:22] Mais c’est pratiquer évidemment. Disons que c’est comme si vous voulez avoir du muscle dans votre corps, il faut faire quelque chose, ça va pas venir tout seul. Donc la pratique et la détermination est importante.

Michel: [00:10:32] Et le massage est une des premières voies, ou pas forcément?

Raquel Veiga: [00:10:34] Non. Moi je dirais, elle peut être une voie d’entrée si la personne tombe sur une tantrika, donc une masseuse en tantra, qui va l’amener à entendre ces concepts, avec des discours très simples. Sur l’amour, sur l’ego, sur ce qu’on cherche, ce qu’on veut, qu’est-ce que tu veux exactement? C’est plus poser des questions à la personne pour qu’elle se trouve, que d’amener toutes des recettes toutes faites. Donc oui on peut, par le massage, si on a un enseignement qui va avec. Maintenant, si le couple vient et que je dis “Bon, allongez-vous, tout va bien se passer, c’est génial”, il va rien se passer en particulier. Mais leur montrer que quand, par exemple, prendre conscience que quand il touche le visage de leur compagne, ou que la compagne touche le visage de leur partenaire, je dis “Qu’est ce qui est en train de se passer, là maintenant, qu’est-ce que tu sens?”

Michel: [00:11:23] Et c’est pas forcément la zone érogène à laquelle on pense en premier!

Raquel Veiga: [00:11:25] On va y aller en dernier (Michel: Voilà, c’est ça), parce que les gens sont trop vite perturbés par l’énergie sexuelle, ils tombent dans l’ego très, très vite.

Michel: [00:11:32] Donc ça c’est un premier conseil qu’on pourrait donner?

Raquel Veiga: [00:11:33] Voilà, commencez… Et d’ailleurs le “Body Love Coach” qui sort du tantra, bon c’est quelque chose que j’ai mis au point moi, on est habillé, on met pas cet enjeu-là qui est encore pas clair pour les gens.

Michel: [00:11:43] Redécouvrez le corps avec une autre approche que la zone érogène et voyez ce que ça fait.

Raquel Veiga: [00:11:46] Ben la zone érogène elle fait partie du corps comme des pieds!

Michel: [00:11:49] Oui, mais pas mettre le focus, en premier dessus je veux dire, c’est ça!

Raquel Veiga: [00:11:51] Non parce que ça peut fonctionner, comme ça peut pas du tout fonctionner, et la plupart du temps ça ne fonctionne pas parce que l’attention est focalisée sur le plaisir physique (Michel: Voilà, c’est ça). Donc il faut détacher un petit peu cette zone en disant “On la laisse un petit peu de côté, mais si tu sais toucher un visage avec amour, tu pourras toucher cette zone pubienne avec amour, c’est la même chose”. Donc les exercices (Michel: Très bon conseil, ouais) en fait tournent autour de ça. Et Olivier parlait des fraises, il y a beaucoup d’approches tantriques qui ne sont que: sentir, goûter, mais pas goûter n’importe comment, on sait qu’on mange une fraise, on prend le temps de la savourer, de prendre conscience du goût qu’elle a, de prendre conscience de ce que la fraise apporte en terme d’amour. “Ah! Ouah! Oh non mais cette fraise, elle est divine, elle est si, elle est la”, et finalement c’est créer un lien avec cette fraise (Michel: Ouais). Parce que la fraise elle est faite pour être mangée, donc il y a ce rapport, donc il y aura aussi des ateliers sur le toucher, sur respirer, sur les odeurs, sur les cinq sens. Mais pour aller au-delà du cinq sens, et de voir ce que ce sens nous apporte en termes de joie et d’amour.

Michel: [00:12:56] Voilà moi j’ai ma réponse, tant mieux.

Raquel Veiga: [00:12:57] Voilà.

Olivier Mageren: [00:12:58] Et j’ai envie de proposer aussi un exercice, une approche, et aussi un commentaire sur ce qui est dit, parce que j’adore cette manière de dire “Voilà, comment, quand on touche un visage, qu’est-ce qu’on ressent, qu’est-ce qu’on transmet, qu’est-ce que l’autre ressent, qu’est-ce que nous on ressent?”. Comme je dis, ben c’est un peu comme dire “Ben c’est pas parce qu’on pénètre un corps, pénis dans un vagin, que ça veut dire je t’aime”. Comment, justement, quand les deux sexes se touchent, comment on comprend, comment tu dis je t’aime, comment l’autre entend je t’aime et comment l’autre ressent plus qu’interprète, ce sentiment d’amour? Tu vois c’est un exemple, de dire tiens “Quand il y a une pénétration ou circlusion”. Tu vois circlusion c’est plutôt le concept inverse de dire: ben le pénis est plutôt réceptif, donc plutôt dans la forme yin. Et le vagin est yang, et donc c’est à dire que c’est la femme qui encercle, et qui quelque part enveloppe le pénis, tu vois? Plutôt que de dire “Ah la pénétration, c’est machiste, c’est patriarcat, c’est un homme qui domine”, non, il n’y a pas de domination. C’est, le pénis pourrait pénétrer le vagin, ou le vagin envelopper le pénis, on dit pénétration ou circlusion. Et qu’est-ce qui fait que quand l’un ou l’autre, qu’on soit homme ou femme, ou deux femmes ensemble, deux hommes, peu importe, se touchent sexuellement, comment notre langage de l’amour dit je t’aime à cette zone tu vois? C’est un exemple. Mais ce que je voulais dire c’est que, par exemple, on parle beaucoup d’amour, de joie, de plein de choses, mais le tantra inclut également toutes les émotions sans les interpréter. C’est à dire qu’on peut, par exemple, dans des livres de tantra, j’en citerai un. “Urban Tantra” par exemple, ils expliquent qu’on peut déclencher des orgasmes en étant en colère, on ne peut accueillir des émotions qui, dans notre culture sont catégorisées ou étiquetées comme négatives, alors qu’en fait elles sont juste là, on peut les accueillir. Tout comme le tantra, on peut lire dans certains livres qu’il y a des gourous qui proposent de sauter sur les fesses pour déclencher la kundalini et ça… Oui, c’est possible, il y a des gens qui l’ont développé comme ça. Moi je connais quelqu’un qui avait fait un atelier en Espagne, et il avait fait pour tout le groupe, de dire “Moi j’ai découvert des états d’orgasme mystiques incroyables en fatiguant mon corps, mes muscles et en relâchant, ce sentiment de lâcher prise et de… Et donc c’est avec le visage, les mains et tout” et c’est intense. Un peu comme des exercices, par exemple, j’en avais fait un autre sur l’hyperventilation, donc c’est toutes des manières qui sont un peu impromptues où on dit “C’est quoi le lien entre le tantra et tout ça?”. C’est simplement de comprendre l’expérience physique, énergétique, spirituelle pour des belles choses mais ça passe aussi par des expériences qui sont parfois négatives, ou perçues comme négatives, ou choquantes, tu vois? C’est pour ça que parfois le tantra choque parce qu’il regarde ce qu’il y a au-delà de l’expérience, il interroge, tu peux être en colère et développer un orgasme, c’est incroyable, c’est fabuleux. Et comme expérience que je conseillerais aux gens, pour penser au tantra, c’est que si on pense à un acte sexuel, scientifiquement les sexologues disent “Ben voilà, la durée moyenne d’un coït c’est 3 à 5 minutes”. On se dit “Woua”, on peut comprendre qu’il y a des frustrations pour les partenaires, et que c’est un peu pauvre. Et quand on regarde un massage Tantra, il y en a qui durent 2 h et demie, 3 h. Et les gens ont dit “Non, ça ne m’a pas fatigué”. “Tu n’es pas fatigué quand tu as fait…”, “Mais non en fait, je suis boosté là”, l’un comme l’autre sont…. “Mais je suis super content quoi”. C’est ce côté de prendre son temps, de simplement ralentir, et quelque part transcender un peu le temps, et de se dire je suis dans l’expérience, je suis dans la sensation et faire durer. Et scientifiquement, c’est logique parce qu’en fait, comme l’orgasme est lié, entre autres au système nerveux, à tout ce que le corps produit comme hormones, neurotransmetteurs et ainsi de suite, c’est un des aspects de l’orgasme. Et bien en fait, c’est sûr que si tu prends deux minutes, le corps n’a pas le temps de se charger de toute cette énergie pour ensuite te faire vivre une expérience transcendantale. Et donc il faut prendre du temps. Évidemment, si tu t’offres un massage de 2 ou 3 h et que tu es ouvert, tu as peut être une possibilité de vivre une expérience que tu n’auras pas eue en un coït de trois minutes.

Michel: [00:16:19] J’ai l’impression que quand on veut des relations, souvent il y a la notion de vouloir aller trop vite. On va trop vite dans l’amour, on va trop vite dans la relation, on va trop vite dans la confiance donnée, et souvent ça, ça pose des problématiques et des questionnements. Et j’ai l’impression qu’avec le tantra, dans son approche et sa philosophie, ben il enlève cette notion d’urgence, et du coup ça permet de se poser. Et tout le monde est d’accord de dire que quand on se pose, on a une réflexion plus mature et plus intelligente, avec plus de sens. Et donc quelque part, j’ai aussi une réponse dans ce que tu me dis là, tu me donnes une réponse qu’en fait le Tantra, ben voilà pourquoi il fonctionne si bien, et pourquoi, voilà, pourquoi tu trouves des choses qui te ressourcent uniquement dans le tantra. Parce que tu prends aussi le temps.

Raquel Veiga: [00:16:55] Oui, mais le temps n’existe pas, dans le Tantra.

Michel: [00:17:00] Ah ça je suis curieux que tu m’explique (Raquel Veiga: D’accord?), pourquoi?

Raquel Veiga: [00:17:01] Mais le temps est une illusion, est une illusion de l’esprit. Nous sommes sur une planète avec un début et une fin, donc nous sommes sur une ligne linéaire. Et tout notre corps, nos perceptions sont rattachées à ce temps-espace. Mais l’esprit, il n’y a pas de temps dans l’esprit, l’esprit n’existe pas, donc quand on atteint cet état, finalement de connexion, avec soi, avec l’autre, et avec le monde tout entier, le temps disparaît. C’est pour ça que je peux dire qu’on peut être dans un massage, on a l’impression que dix minutes sont passées, et pourtant on est là depuis 2 h. Donc en fait, faire une expérience simplement mystique du tantra, c’est simplement: le temps se dilue, on est dans le présent, tout le temps, tout le temps. Jusqu’au moment où on retourne dans le temps-espace.

Michel: [00:17:51] Moi ce que je disais “Il faut prendre le temps pour rentrer dans une conscience de…” et toi tu me réponds en disant “Et quand tu es dans la conscience de…, le temps devient une abstraction” (Raquel Veiga: Exactement) on est plus d’accord comme ça.

Raquel Veiga: [00:17:59] Exactement, tu as très bien remis mes mots à l’endroit, mais voilà. Donc oui, prendre le temps, si on doit toucher une omoplate avec son index pendant 1 h, on va le faire, et ça ne pose aucun problème. Et la personne qui sent qu’on donne tout ce temps, la personne se sent “Waouh! Cette personne est tout à moi, elle m’écoute, elle est là et elle est là, et…” et on rentre dans cette dimension où l’esprit et le corps finalement, tout se mélange, tout se mélange. Il y a comme ça une notion, mais prendre le temps, c’est pas qu’on doit prendre le temps, c’est que le temps est là. Le temps est toujours là, le moment présent, il est toujours là. Quand j’entends des personnes disent “Oui, mais j’ai tellement envie de vivre le moment présent”. Mais je dis “Mais il est où le moment présent? Est-ce qu’il a un début? Est-ce qu’il a une fin? Tu n’es pas en train, là, de vivre le moment présent?”, “Ah oui”. Le tantra, comme toutes ces philosophies, vous font switcher le cerveau et vous mettent le cerveau à l’envers, et vous font voir quelque chose de différent, de sentir quelque chose de différent. Voilà, il y a beaucoup de questions dans le tantra à ce sujet, sur le temps, l’espace et tout.

Olivier Mageren: [00:19:00] Oui, et quand on rentre dans l’expérience du moment présent, ben le temps devient presque secondaire quoi. C’est sûr qu’on revient à un moment, mais il passe au deuxième niveau, et quand on prend du temps, ben ça explique pourquoi ben certaines personnes disent « Ah mais, moi j’ai déclenché un orgasme quand quelqu’un m’a titillé l’oreille, quand quelqu’un m’a embrassé le pectoraux, ou quand on m’a touché telle ou telle partie du corps ». Mais oui mais quand on prend le temps, qu’il y a une espèce de, d’amour, de joie, d’harmonie, de symbiose, de dynamique, de flux, de circulation de l’énergie, d’attention, de présence et d’amour, ben le corps il prend le temps de se charger quelque part, et ça explique qu’on peut avoir un orgasme qui démarre de l’orteil. Mais c’est, tout devient logique, même scientifiquement, c’est pas absurde ou éthéré, ou complètement détaché du concret, justement, il n’y a rien de plus concret que le tantra. Vit l’expérience, et quand tu l’as vécue, d’ailleurs quand tu parles avec des gens qui ont vécu des expériences comme ça, c’est extrêmement vivant, c’est contagieux, c’est beau, et les gens ils ont des étoiles dans les yeux, et ils n’ont pas besoin qu’on leur raconte du « blabla », ils l’ont vécu, ils savent ce que c’est (Michel: Ouais). Et quelqu’un qui ne l’a jamais vécu, qui dit “Quoi? Tu peux avoir déclenché un orgasme en recevant un bisou sur le ventre?”. Ben oui c’est tout à fait possible, il y en a qui l’ont vécu.

Raquel Veiga: [00:20:01] Mais c’est pas tout à fait la même chose que l’orgasme génital hein? Le corps en fait, si on veut, il est un peu quadrillé, il y a des sensations propres à chaque partie, finalement. Et un orgasme, hors génitaux, va être, évidemment les génitaux vont participer, il va y avoir sans doute une contraction, il va se passer quelque chose au niveau du corps. C’est pour ça que le corps est tellement magique, c’est que chaque zone procure quelque chose, mais c’est toujours pour entrer en joie par rapport au corps. Et finalement, donner du temps, c’est cultiver la patience. Parce que la patience c’est la paix intérieure, quand on est réellement patient, je ne parle pas de la patience forcée où on devient impatient d’être patient, ça n’a rien à voir. Mais la véritable patience, on est là, on ne pense pas à ce qui va venir après, ni à ce qui s’est passé, on est exactement là et le reste n’a aucune importance puisque ça n’existe pas. Le passé n’existe pas et le futur n’est pas encore arrivé. Et la véritable patience que l’on peut cultiver simplement en faisant la file dans la caisse, avant d’aller payer, il y a la petite vieille qui compte sa monnaie et vous êtes pressé, la seule chose que l’ego a envie de faire, c’est la balancer à travers le magasin pour pouvoir passer en premier. Arrêtez-vous un moment, et dites “J’appelle la patience”, mais l’essence de la patience, la signification, et vous vous posez, et vous ressentez de la compassion pour cette petite vieille qui voit pas clair et qui a du mal. C’est ça être dans le moment présent, c’est cultiver la patience, c’est être là, donc on peut en effet toucher un clitoris pendant 1 h.

Michel: [00:21:36] Quand tu parlais des zones érogènes qu’on stimule plutôt ou pas, je me dis, mais finalement c’est vrai que si on a tous un focus que sur les zones érogènes, et que c’est celles-là qu’on exerce en permanence, ben le cerveau ça s’entraîne, un muscle ça s’entraîne, un corps ça s’entraîne, toutes les zones du corps sont stimulables et s’entraînent. Et si l’humain stimule systématiquement les mêmes zones parce qu’on a un préjugé sur ces zones, c’est celles-là qui sont érogènes et pas les autres, ben les autres ne le deviennent plus puisqu’elles perdent leur sensibilité parce qu’on les stimule jamais. Et donc maintenant je comprends mieux ta réflexion sur le visage, tu vois? Parce qu’en fait, si tu simules d’autres places du corps que celles attendues, tu ré exerces ces parties du corps à se redécouvrir. On nous parlait très longtemps qu’on utilise que x % des capacités du cerveau, et si la capacité du cerveau qui nous manque, qu’on utilise plus, on l’a perdu parce que justement on ne fait plus ça?

Raquel Veiga: [00:22:22] Tu as tout à fait raison Michel, parce que dans la pratique du massage tantra, combien de personnes vont me dire “oh, j’ai jamais ressenti le corps comme ça, je ne connaissais même pas ces zones-là, je savais même pas que, et dans ma relation sexuelle avec mon compagnon, ma compagne, qu’est-ce qu’on fait? On va directement dans les zones érogènes” et je dis “Oui, parce que c’est ce que vous connaissez (Michel: Ce qu’on a appris) et c’est la façon la plus rapide pour vous d’arriver à l’excitation, et donc vous ne vous focalisez que là-dessus”. Mais ce qui donne des relations ennuyeuses et répétitives, et beaucoup de couples se lassent de leur sexualité parce que c’est toujours la même chose, on touche toujours les mêmes endroits, on fait toujours le même schéma. Il y a comme un patron. Alors qu’on peut rester 2 h avec une personne, explorer le corps de l’autre, apprendre à connaître le corps de l’autre, à quoi il réagit, se rendre compte que le creux d’un genou, quand il est touché avec connaissance, parce qu’il y a une question de connaissance, de vouloir connaître le corps, peut amener la personne dans un endroit complètement divin, et elle va focaliser sur son genou, sur le creux du genou, il y en a plein sur le corps plein, plein, plein, plein. Et se rendre compte que ça vient rejoindre sa zone érogène génitale, et qu’elle ressent des choses parce qu’on touche son genou. Et donc, pour les corps timides de femmes, aux hommes je dis, commencez d’abord à toucher toutes ces zones-là avec amour, et puis on resserre le cercle, on resserre le cercle, on resserre le cercle et on va à la zone pubienne à ce moment-là. Mais tout le reste du corps a été stimulé et la zone pubienne finalement, il faut presque plus rien pour qu’elle se mette à chanter avec le reste. Tout est connecté: un creux de cou, les mains, tout, tout, tout fait partie.

Olivier Mageren: [00:24:09] Et comme tu disais, oubliez la notion de temps linéaire parce que si on fait le tour, comme tu dis, on resserre sur le génital, ben finalement on sent qu’on est dans un préliminaire en fait, le moment présent perd de sa valeur ou de son intensité parce qu’en fait l’intention c’est la zone génitale après. Donc c’est un peu paradoxal, le tantra est toujours dans la dualité, les paradoxes, ça intègre tout le temps ce genre de choses. Mais se dire en fait, comme il y a un chemin d’exploration multiple, varié, méconnu, inconnu, qui est différent pour chacun, mais prenez l’amour et du temps à chaque zone du corps. Et puis à un moment, quand vous êtes dans les organes génitaux, des belles choses apparaissent aussi. Mais elles ne sont pas plus important, ni essentiel, ni magique que les autres. Et de se rendre compte de ça, ben ça nous détache d’une pression qui dénature parfois l’intention de dire “Ouais, il me touche parce qu’il veut baiser quoi”. Ben oui c’est vrai, c’est pas un tabou honteux, et en même temps, si on sait qu’on touche l’autre en espérant obtenir quelque chose, ça dénature aussi la manière de toucher, la conscience du toucher. Et donc ça fait un espèce de, il faut sortir de ce cercle, et d’aller dans un état de conscience différent, pour pas que ça soit une contrainte mais une joie de faire l’expérience.

Raquel Veiga: [00:25:04] Mais déjà scinder la relation en préliminaires, en machin, en truc est déjà une erreur. Parce qu’à partir du moment où on est déjà en contact, ne fût-ce que, on imagine que ça se passe dans le lit, je prends la version la plus classique, et qu’on se touche déjà la main, on est déjà en train de faire l’amour, il n’y a pas un début et une fin. Le préliminaire, comme il est compris, on fait dix minutes de préliminaires, ça devient fatiguant, allez on y va directement, paf. Parce que l’énergie érotique va s’installer très vite et donc il y a une cible à atteindre, c’est l’orgasme, et il faut aller très vite. Et puis on est très déçu souvent parce qu’il s’est pas passé grand-chose. Mais dire qu’il y a des préliminaires, des machins, ça n’a aucun sens. Ça veut dire qu’il y a un moment pour, un autre moment pour, non c’est une continuité de rapprochement, d’attention, de regard, de partage qui vont mener à une pénétration ou pas, c’est même pas important. Mais la pénétration, là elle prend une symbolique intérieure très forte, c’est: je te reçois, je viens chez toi et on s’unit à travers le corps, et on ressent cet amour à travers le corps et à travers les sentiments et les émotions. Mais les préliminaires et tout ça, c’est mettre de nouveau de la complication, un schéma, quelque chose qui est attendu. Et quand quelque chose est attendu, ça perd de son intérêt.

Michel: [00:26:24] Dans ce que tu expliquais, je ressens et j’entends une charge mentale. C’est à dire que souvent ben: on a une vie, métro, boulot, dodo, on se presse et finalement, le temps où on se retrouve en couple, il est restreint à peau de chagrin. À un moment donné tu peux pas t’empêcher que, peut-être chez la femme où la charge mentale est parfois la plus forte, parce que même si on dit qu’on est une société plus égalitaire, c’est encore la femme qui fait les courses, qui a toutes les charges de réflexion. Enfin il y a une charge mentale réelle qui existe chez la femme qui est lourde et qui se maintient, même si elle a envie de se consacrer à son amoureux, à un moment donné elle pourra pas s’empêcher de se dire “Ouais, mais il ne faut pas trop qu’on prenne trop de temps parce qu’après j’ai si, parce qu’après j’ai là”. Donc la charge mentale elle a un rôle, peu importe le moment où elle va jouer. Et chez l’homme c’est pareil, toutes ces charges mentales de fatigue et de pensées distraites par autre chose, fait que c’est ça peut-être qui fait qu’on n’a plus assez de temps que pour dire “Si on prenait toutes ces heures d’être ensemble”, et se dire “Ben on a toute la journée devant nous, et on n’a rien d’autre à faire que de s’occuper de l’autre”.

Raquel Veiga: [00:27:14] J’entends bien parce que c’est ce que beaucoup de gens vont me dire (Michel: Ah, voilà!), mais désolée, je ne suis pas d’accord, parce qu’on met les choses prioritaires quand on sent qu’elles sont prioritaires. Quand elles passent au second plan c’est qu’elles ne sont plus prioritaires, donc si pour un couple, travailler, courir dans tous les sens c’est plus important que de ne pas se perdre de vue, c’est ce qui va prendre le dessus. Et je ne veux pas culpabiliser hein? Je ne dis pas que “Ouais c’est pas bien, il faut…”. Mais il faut réaliser ces priorités, et c’est encore une fois un niveau de conscience qu’on a avec soi-même.

Michel: [00:27:45] J’aime bien que tu dises ça: le niveau de conscience, parce qu’en fait c’est pas mon discours de dire que c’est plus prioritaire (Raquel Veiga: Mais j’entends bien hein), et je pense pas que les gens qui le vivent disent “C’est prioritaire ou pas”. Ils ne se posent même pas la question, ils subissent. Et je pense que c’est ça le problème, c’est la prise de conscience, si tu prends conscience qu’en fait ton couple il a besoin de temps, ben tu le mets, parce qu’évidemment que c’est prioritaire.

Raquel Veiga: [00:28:02] La première chose dans laquelle on doit prendre conscience, c’est qu’on ne subit pas, on fait des choix (Michel: D’accord), et nous sommes nombreux sur cette planète à croire qu’on subit.

Michel: [00:28:10] Pourquoi est-ce qu’on a ce sentiment?

Raquel Veiga: [00:28:11] Mais parce qu’on doit porter la responsabilité sur autre chose que sur soi-même. Tu sais, la liberté c’est un…

Michel: [00:28:16] Donc le message du tantra ce serait d’abord de se regarder dans le miroir et de se dire “Où j’en suis?”

Raquel Veiga: [00:28:19] Exactement (Michel: D’accord) et de te dire “Voilà en quoi je mets mes priorités, même si je crois que je suis obligée. Non, finalement, je suis un être libre, si je vais dans l’essentiel de qui je suis”. Et donc le niveau de conscience, c’est prendre conscience des choses, c’est simplement dire je crois que je subis. Mais, franchement, qu’est-ce qui m’empêche, samedi, de décider que je vais rester plus longtemps? Qui est là pour m’empêcher quoi que ce soit? La liberté elle a un prix, le prix c’est la conscience, la liberté, ce n’est pas faire ce qu’on veut quand on veut et faire n’importe quoi, la liberté c’est se dire “D’abord qu’est-ce que la liberté? Quand est-ce que je me sens libre? Je me sens libre quand je suis en phase avec moi-même, quand je me sens à ma place et quand je fais des choses que j’ai envie de faire mais qui ont du sens”. Et beaucoup de couples tombent un petit peu dans cette routine et puis c’est la faute du gouvernement, des médias, de Facebook, de “que j’ai trop de travail”, mais je dis “Mais qu’est-ce qui est important pour vous?”, “Mais d’être ensemble”, ben voilà moi j’ai rien à vous dire, si c’est ça qui est important pour vous, vous trouverez le temps. Évidemment qu’on vit avec les autres, mais croire que les autres ont le pouvoir de nous faire prendre des trajectoires dont on n’a pas envie est tout à fait faux. Maintenant, on prend des trajectoires pour satisfaire les autres parce qu’on a, on croit que c’est plus facile de vivre comme ça. Et on cherche la facilité, mais on se trompe de chemin parce que ça va être le chemin le plus dur. Et je crois que c’est même Daniel Odier qui disait “C’est incroyable comment les êtres humains prennent toujours le chemin le plus compliqué en essayant d’atteindre la facilité”. Mais donc on a, dans le tantra c’est très clair, tu es conscient de toi, tu es responsable de toi-même et personne n’est responsable de toi. Mais évidemment c’est plus facile de dire que c’est l’autre, parce que ça nous décharge de quelque chose qu’on ne veut pas voir non plus. Tu as remarqué quand même qu’on voit beaucoup plus les défauts chez les autres que chez soi-même. On a beaucoup plus facile à les voir chez les autres que chez soi-même.

Michel: [00:30:08] Le tantra, c’est un grand miroir pour bien te connaître toi-même, ce qui te permet de découvrir encore mieux l’autre.

Raquel Veiga: [00:30:13] Voilà, ce n’est qu’un miroir. En fait ce n’est qu’un miroir (Michel: J’aime bien cette métaphore) pour te dire: regarde-toi, regarde-toi avec honnêteté, et sans avoir honte de ce que tu es. Parce que nul n’est tenu d’être conscient tout le temps, on est aussi ici pour vivre le corps et l’ego. C’est important de vivre l’ego, et d’en prendre conscience, mais c’est de se dire aussi mais peut-être que je n’ai pas besoin de l’utiliser autant que ce que je crois, mais la responsabilité personnelle, c’est très important, et beaucoup de personnes la refusent. Ils préfèrent dire c’est toi qui dois régler mes problèmes, c’est parce que tu fais ça que je suis comme ça, ou c’est parce que tu as fait ça que je ne peux plus faire ça. Moi en tout cas, personne ne m’a jamais empêché, je ne dis pas que je ne suis pas dans cette logique humaine aussi, j’ai été éduquée comme tout le monde, mais je m’en rends compte, je dis, ou je prends le temps de les regarder, et surtout pas ça passe par un sentiment de culpabilité au départ, et puis c’est se dire que “Je n’ai pas à me sentir coupable de ça, je dois au contraire voir que je suis capable d’être sans amour”, je dois le voir que je peux être capable. Et à partir du moment où je vois que je suis capable, je comprends déjà les autres mieux et je suis plus capable d’aller vers le geste avec amour.

Olivier Mageren: [00:31:32] Est-ce que cela vous va de passer à la troisième capsule?

Jingle: [00:31:35] « Entr’Nous (voix féminine Katalin) ; Entr’Nous (voix masculine Olivier), le podcast (Katalin) pour parler (voix masculine Michel) de sexualité (Olivier) par vous (Michel), avec vous (Olivier), (Katalin) »

Le podcast avec Raquel Veiga :

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