Marie-Claude L’Archer, la compersion #39

Marie-Claude L'Archer, la compersion

Marie-Claude L’Archer : la compersion.

Au micro d’Entr’Nous, Olivier Mageren, sexologue diplômé de L’ULB, reçois Marie-Claude L’Archer : auteure et écrivaine de “Compersion”.

Mais que ce cache-t-il sous ce terme ? Quelle est la puissance de la compersion dans les relations sexuelles simples ou plurielles ?

Laissez un message vocal à Marie-Claude L’Archer ou à Olivier en suivant ce lien vers la plateforme Vodio (c’est gratuit). N’oubliez pas de mentionner si vous nous autorisez à utiliser votre message et votre voix dans un prochain épisode pour vous répondre.

Brisons les tabous, voyons plus loin que les clichés, et informons-nous sans jugement…

Nous avions déjà proposé un podcast en deux parties sur le polyamour avec le témoignage de Maëlle. Dans ce nouvel épisode nous abordons un sujet relativement peu connu qui a émergé grâce à la communauté polyamoureuse. Nous vous proposons l’esprit curieux.se d’écouter Marie-Claude L’Archer nous parler de Compersion

La beauté de la compersion c’est que la démarche est avant tout intellectuelle, émotive, emphatique et pragmatique, elle dépasse de loin le polyamour tout en pouvant être applicable à tout type de relation : simple ou plurielle.

Un état d’esprit, un état d’aimer, un état de beauté d’âme intégral qui s’applique quel que soit le.les genre.s, quelle que soit votre orientation ou vos préférences, que vos choix soient fixés, en interrogation ou en mouvance, développer votre compersion peut vous rendre bien plus heureux.

Cerise sur la crème chantilly : elle n’est pas incompatible avec une dose de jalousie

Vous voulez en savoir plus ? On vous explique tout cela et on apporte les 50 nuances en 41 minutes en compagnie de Marie-Claude…

NB: Le podcast n’est pas une présentation du livre de Marie-Claude. Le podcast est une discussion avec l’auteure et un partage de reflexions sur la thématique de la compersion. On vous recommande chaudement le livre de Marie-Claude. Il est publié en français et en anglais. Disponible en format papier et Kindle uniquement sur Amazon. 

Un commentaire, une question, une gratitude ? Notre répondeur n’attend que vos messages vocaux que nous ne manquerons pas de transmettre à notre invitée ! Et vous pouvez aussi nous partager votre expérience sur le sujet ! Mentionnez dès le début du message si vous nous autorisez à reprendre votre voix pour éventuellement répondre ou réagir dans un prochain épisode !

Et peut-être même que si votre partage est puissant, nous demandions à nos ami.e.s de la troupe TaBoO de The Red Moon Cie d’y réagir en improvisation théâtrale par podcast avec un épisode dédié : a vos micros et assurez-vous que le son est bon avant d’envoyer votre message… Merci !

Envie de soutenir nos projets et / ou podcast ? Une donation est aussi précieuse surtout qu’en ce moment nous préparons, rénovons le bâtiment qui accueillera bientôt le Love Health Center qui emménage donc dans ses nouveaux locaux, toujours dans le centre de Bruxelles, à quelques mètres du Manneken Pis

Liens en bonus

Site Internet :

Livre :

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Séquençage du podcast avec Marie-Claude L’Archer :

  • 00:20 Introduction
  • 00:35 Définition de la compersion
  • 01:22 Les intentions en enregistrant ce podcast (Marie-Claude L’Archer  & Olivier Mageren)
  • 02:25 Qu’est-ce que la sexualité pour Marie-Claude L’Archer ?
  • 03:45 Avec le recul depuis l’écriture du livre, qu’est-ce que tu aurais envie d’ajouter aujourd’hui ?
  • 09:24 Comment est vécue la compersion pour tes partenaires ?
  • 13:49 Quelles idées as-tu quand on parle des deux thématiques : polyamour, compersion et sexualité?
  • 17:55 Ne pas toujours être inclus dans le désir de l’autre
  • 19:14 Se comparer à un. une autre, un conseil pour les auditeur.trice.s ?
  • 22:41 Vivre la diversité pleinement
  • 27:53 Quel sera le sujet de ton prochain livre?
  • 31:44 Le livre sortira quand ?
  • 33:07 Une autre communication sur ces domaines de polyamour et sexualité qui te donne du cœur de transmettre avant de clôturer le podcast ?
  • 35:38 Clôture du podcast et remerciements
  • 39:04 Marie-Claude L’Archer  : Un conseil en relation avec la sexualité ?

Transcription des échanges du podcast avec Marie-Claude L’Archer :

Générique Intro sur tapis musical : 00:00 « Entr’Nous (voix féminine Katalin) ; Entr’Nous (voix masculine Olivier), le podcast (Katalin) pour parler (voix masculine Michel) de sexualité (Olivier) par vous (Michel), avec vous (Olivier), pour vous (Katalin) » 

Olivier : 00:20  Bonjour, Bienvenue dans le 39? épisode du podcast Entre nous, le podcast du Love Health Center, le premier centre européen dédié à la relation et à la sexualité. Alors aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’inviter Marie-Claude L’Archer. Bonjour Marie-Claude.

Marie-Claude L’Archer : 00:34 Bonjour Olivier.

Olivier : 00:35 Aujourd’hui, on va parler de compersion. J’ai remarqué au fil des discussions des dernières semaines que les gens connaissaient peu ce mot -là. Est-ce que tu pourrais nous le présenter? Qu’est-ce que la compersion ?

Marie-Claude L’Archer : 00:45 Alors la compersion, c’est le sentiment de joie, de bonheur qu’on peut éprouver lorsqu’on constate que notre partenaire est lui-même, elle-même, heureux, heureuse dans ses relations avec d’autres personnes, avec son autre amoureuse, amoureux. Et j’éprouve de la joie pour ces autres partenaires en fait, de les voir partager quelque chose de précieux. Ça, c’est la compersion. On pourrait dire que c’est le contraire de la jalousie en fait, la jalousie ne veut pas que nos partenaires expérimentent du bonheur avec d’autres, tandis que la compersion leur souhaite de partager ce bonheur.

Olivier : 01:22 Merci. La première question que je pose quel est ton intention en enregistrant ce podcast ensemble et de l’offrir aux auditeurs et aux éditrices.

Marie-Claude L’Archer : 01:31 De me laisser surprendre par notre discussion, d’avoir du plaisir à échanger et puis de me laisser étonner? Déjà, je crois qu’il y a beaucoup à dire sur la compersion, c’est un sujet peu connu. Et puis la sexualité c’est toujours fascinant. Alors voilà, j’ai envie d’avoir du plaisir à ces échanges. Et puis j’espère que les auditeurs auront du plaisir également à nous entendre, à nous écouter.

Olivier : 01:57 Merci. Pour ma part mon intention, pour moi, c’est ouvrir un espace de parole et d’offrir des dialogues qu’on a en général en privé et de les rendre accessibles pour que chacun puisse s’inspirer, s’informer et peut être nous poser des questions aussi. Vous avez la possibilité de nous envoyer des messages, même audio, via la plateforme Vodio. On mettra le lien dans l’article et sur les différentes plateformes de podcast. Donc vous pouvez interagir avec nous et l’idée c’est de transmettre, voilà, aussi des outils et qu’on soit pragmatique dans les conseils. Deuxième question habituelle c’est : comment tu définirais la sexualité? Qu’est-ce que la sexualité pour toi?

Marie-Claude L’Archer : 02:30 J’ai essayé de me faire une définition personnelle de la sexualité et j’ai été obligé de constater que les mots me manquaient. Je suis auteur, alors en général les mots me viennent facilement. Et là, lorsque vient le temps de définir ce qu’est la sexualité, pour moi ce qui monte, ce sont des images. Et je devrais dire des images de ma propre sexualité. C’est comme s’il se passait tout d’un coup un petit porno qui déroule dans ma tête. Je vois ici et là mes partenaires, moi-même, des scènes d’action. Et ça m’a amené à me rendre compte que autant on va dire souvent, la pornographie ne ressemble pas à la véritable sexualité, j’ai envie de dire… Ben finalement, je constate que ma propre sexualité ressemble énormément à la pornographie. On saute déjà dans le vif du sujet mais alors ! Ouais, pour moi, définir ma sexualité c’est avoir tout un lot d’images, très belles d’ailleurs, qui se présentent dans ma tête. Et puis si je pouvais mettre sur un podcast des images, je le ferais bien, mais c’est là où j’en suis pour ma définition de la sexualité.

Olivier : 03:45 Merci. C’est vrai que la sexualité est tellement particulière. Comment arriver à mettre des mots parfois sur ce qui touche aux autre sens, à l’imaginaire, aux images, à l’odorat, aux sons? Comment traduire un paysage ou même une belle image érotique ou fantasmagorique ou, quelle qu’elle soit, même de mémoire? C’est très intéressant cette manière de percevoir la sexualité qui est difficile à mettre en mots. Merci beaucoup. Merci. Alors on s’est rencontrés parce que j’ai découvert, grâce à une amie, le livre que tu as édité il y a quelques années sur la compersion, qui existe en français et en anglais. Moi j’ai acheté les deux versions parce que ma compagne parle anglais et on pourra partager sur le sujet. Et j’ai trouvé le livre fabuleux. Donc franchement, je vous le recommande à toutes et à tous si vous voulez acheter un livre fantastique sur la relation et la conversion. Parce que cette thématique de la conversion, pour moi, elle est fabuleuse. Elle ouvre un univers totalement, je dirais, à créer dans la mesure où le mot jalousie existe et semble être, on va dire, expérimenté et connu de beaucoup de personnes. Mais il n’y a pas vraiment de mots qui existaient je trouve jusqu’à précemment pour créer un univers de relation qui soit différent, qui soit empreint de quelque chose de beaucoup plus lumineux, joyeux et qui reflète l’expérience de certaines personnes sur la joie effectivement qu’on éprouve… Et qui n’a rien à voir avec la jalousie qui enferme, qui prive, qui contrôle ou qui par du manque ou de la privation, de la frustration ou quelconque émotion qui quelque part brime un peu les deux dans leur vitalité. Et donc ton livre, je l’ai savouré, j’ai trouvé ça fantastique, j’avais envie de tout souligner tellement c’était pertinent. Donc j’invite tout le monde vraiment à le découvrir. Qu’est-ce que tu auras envie de transmettre ou de te dire sur cette thématique aujourd’hui, après plusieurs années? Donc si j’ai bien compris, tu l’as écrit il y a cinq ans environ, qu’est-ce que tu auras envie d’ajouter en fait?

Marie-Claude L’Archer : 05:37  Bon voilà, j’ai eu un cheminement, tout un cheminement de vie depuis ces cinq dernières années. J’ai vécu le polyamour de différentes façons, notamment parce que lorsque j’ai découvert le polyamour, c’était en mode couple. Ça faisait déjà seize ans que j’étais mariée au moment où mon mari et moi sommes tombés amoureux tous les deux de ma meilleure amie. On a vécu une relation en triade, c’est à dire qu’on était un couple à trois personnes. Et puis par la suite j’ai vécu une séparation. Donc ce couple que je pourrais dire primaire s’est dissous pour devenir une amitié, un lien de coparentalité. Donc j’ai continué à vivre le polyamour mais d’une façon différente, c’est à dire que je ne partais pas d’une structure couple mais que je vivais le polyamour en mode individuel, ce qu’on appelle solo poly. Donc c’est une façon très, très différente d’aborder les relations plurielles. J’ai exploré cela pour me rendre compte que finalement je m’étais fait un idéal, que être solo poly c’était plus poly que d’être polyamoureux en mode couple. Je m’étais fait une sorte de vision dans laquelle j’atteignais une espèce d’apogée en étant solo poly, pour me casser royalement la figure en me rendant compte que finalement c’est pas parce que c’était un idéal que je m’étais fait dans ma tête que c’était ce qu’il me fallait « moi ». Ca ne correspondait pas à mes besoins au final et je suis revenue à un mode couple. Je forme une relation avec mon partenaire Pascal avec qui je cohabite depuis cette année. Et puis, là c’est comme si je suis revenu à mes bases, je suis revenu, je dirais, dans de vieilles pantoufles, là où je suis confortable parce que c’est ce que je connais, c’est ce qui me correspond. Alors il a fallu que je vive des moments difficiles et que je me casse la figure pour me rendre compte que les idéaux et la réalité, ça ne va pas toujours ensemble. Et que je constate que l’une des raisons pour laquelle j’arrivais à éprouver des masses de compersion, c’était parce que j’étais dans un format relationnel qui était parfait pour moi. Alors, en revenant à ce type de format relationnel, pour moi la compersion devient une réalité parce que pendant un moment, même si on pourrait dire « ah ouais, t’es une spécialiste de la compersion, c’est super facile pour toi », bah non, c’est pas toujours gagné d’avance. A partir du moment où mes besoins relationnels ne sont pas répondu adéquatement, la compersion devient difficile voire impossible pour moi. Et je suis comme tout le monde, je ressens de la jalousie et parfois même une jalousie massive. Si je ne ressentais jamais la jalousie, je ne serais pas placé pour donner des conseils aux gens. Et du coup, j’ai connu beaucoup de jalousie en essayant de vivre un idéal de polyamour plutôt qu’en essayant de vivre le polyamour qui me convient à moi. Et c’est ce qui m’a amené à dire « mais c’est stupide que j’ai dû faire ce cheminement parce que j’ai écrit il y a cinq ans exactement à propos de ça » pour ressentir de la compersion il faut répondre à ses propres besoins. Et puis donc ça m’a ramené complètement aux bases de ce que j’avais déjà découvert. Parfois on découvre des choses, on les oublie et on doit les redécouvrir. Alors cinq ans plus tard, j’en suis à revenir exactement à ce que j’ai écrit. C’est toujours aussi vrai maintenant que ça l’était il y a cinq ans.

Olivier  : 09:24 Et j’imagine aussi que comme tu l’expliques parfois, c’est bien de mettre des mots comme la compersion ou quoi que ce soit. Des mots qui permettent de forger un imaginaire, un cadre et où on peut s’épanouir puisque ça motive et ça génère de la vitalité, de la joie. Mais quelque part de ne pas être pris par le concept comme tu dis, de garder du discernement, de la fluidité, de la curiosité, de la découverte, de naviguer avec tout ce qui se présente et de mettre en premier lieu quelque part nos besoins et nos désirs pour, quelque part, vivre sa vie plutôt que d’essayer d’atteindre un idéal. Et je me dis « Comment finalement tout ça se passe aussi avec les partenaires ? Comment, en naviguant à travers effectivement la compersion et la jalousie par moments, on s’entend effectivement quand les besoins sont plus ou moins remplis, ou moins remplis, ou si on s’éloigne de ce qu’on a vraiment besoin comme type de relation, commence t’es arrivée à naviguer avec la compersion avec des partenaires ». Est-ce que tes partenaires, par exemple, vivent la compersion ? Est-ce qu’ils sont intéressés par la compersion? Est-ce qu’ils sont curieux de le vivre ou de le partager avec toi? Comment ça se passe? 

Marie-Claude L’Archer : 10:24 Alors je dirais que le sentiment de compersion, tout comme le sentiment de jalousie d’ailleurs, c’est une expérience qui est très unique pour chaque individu. C’est à dire que la compersion que moi je ressent ne prendra pas nécessairement la même forme que la compersion que vit mon partenaire Pascal ou que vit mon autre partenaire Vanessa. Chaque personne aura sa façon de l’expérimenter qui finalement est le reflet de sa propre personnalité. C’est à dire que, étant moi-même une personne qui vit beaucoup d’émotions, des émotions très intenses… Ma jalousie et ma compersion se vivront sur ce mode. Lorsque j’ai de la compersion ça peut être très explosif, ça peut être très heu … Je vais être enthousiaste, je vais avoir les yeux qui brillent, je vais l’exprimer à voix haute : « Oh comme c’est mignon ce qui est ce qui t’arrive. Je constate que… » Et puis je vais verbaliser ce sentiment de joie que j’éprouve à être témoin de quelque chose de beau ou d’entendre parler parce que je suis pas toujours témoin. Il y a beaucoup de moments d’amour qui se passent entre mon partenaire et ses autres partenaires dont je ne fais pas partie. J’en entends parler et ça me fait plaisir de savoir. Ma compersion va se vivre de cette manière-là et par opposition, je dirais, mon partenaire Pascal lorsqu’il éprouve des moments de compersion, ça va être tout calme parce qu’il n’est pas une personne très émotive ni très expressive. Alors pour lui, la conversion, ça va être des petits moments qu’il va vivre intérieurement et puis si ça se trouve je saurai jamais s’il éprouve de la joie à me voir vivre de bons moments. S’il le dit pas, ce sera vécu intérieurement pour lui, entre lui et lui-même. Et, une chose qu’il a fait remarquer c’est que pendant longtemps il croyait qu’il n’éprouvait pas de compersion parce que souvent sa compersion va être simultanée avec de la jalousie. Les gens croient souvent qu’on éprouve soit de la compersion, soit de la jalousie, mais ignore qu’on peut ressentir les deux en même temps, ce qui au final n’est pas si étonnant parce que les humains on est très… On est très souvent dans le paradoxe. On peut être heureux et triste en même temps, on peut aimer et haïr en même temps. On ressent souvent des émotions contradictoires en même temps. Alors la compersion et la jalousie peuvent aussi se vivre en simultané. C’est à dire que je peux être heureux pour mon partenaire qui va passer une belle soirée avec son autre amoureuse. Et en même temps être triste pour moi parce que je reste derrière et puis j’aurais aimé moi, passer ce temps de qualité avec mon partenaire. Donc les deux peuvent coexister et c’est ce dont ma fait part mon partenaire Pascal : il vit souvent les deux émotions en simultané. Donc ça c’est ce que je connais de son sentiment de comperser. Et puis si je pense à Vanessa, qui est polyamoureuse depuis pas si longtemps, ça fait tout juste un an. J’ai l’impression que la compersion est pour elle quelque chose d’absolument naturel, ça déborde d’elle ! Et elle entend parler de ce qu’on vit par ailleurs et de mes autres relations et puis ça semble couler de source pour elle… On dirait qu’elle est née avec, on dirait, alors je trouve ça formidable.

Olivier : 13:49 Merci. C’est intéressant de partager finalement ensemble les différentes manières de vivre la compersion suivant, comme tu dis, nos personnalités, notre type de manière de s’exprimer dans la vie et d’être sensible à la vie et de voir qu’en fait il n’y a pas non plus d’idéal à chercher et il y a juste à s’écouter, se découvrir dans un contexte et dans des besoins qui sont changeants. Moi j’invite les auditeurs, les auditrices, si ça les intéresse, de quelque part faire un peu l’effort d’apprendre un peu plus sur la compersion et de savoir qu’il existe d’autres états tels que ceux-là qui parfois sont vécues mais pas nommés aussi. Mais qui permettent d’apporter un peu plus de finesse et de discernement pour enrichir les relations plutôt que de tomber dans quelque chose de très binaire. Ou bien je suis jaloux ou pas jaloux, j’éprouve de la compersion ou pas du tout. C’est à dire qu’effectivement par moment on touche à différentes tonalités du spectre. Et de lire ton livre ça permet d’en apprendre un peu plus sur cette finesse en fait, de ce qu’on peut… A quel point parfois on peut être proche d’un sentiment de compersion, qu’il manque peut-être que quelques éléments pour se sentir bien. Et quand on se sent pleinement nourrit, on peut davantage célébrer la vie à plusieurs en fait, j’imagine. Une autre question c’est : la compersion elle a émergé, le mot compersion a émergé dans le domaine du polyamour historiquement. Quelles idées as-tu quand on parle des deux thématiques : polyamour, compersion et sexualité?

Marie-Claude L’Archer : 15:02 Si on veut faire un lien entre compersion et sexualité, il y a des études qui ont constaté que les personnes qui pratiquent fréquemment la masturbation vont avoir tendance à avoir plus facilement le sentiment de compersion. Alors les chercheurs, lorsqu’ils sont tombés sur ces résultats, ont été étonnés et ils se sont demandé pourquoi. Et l’une des conclusions qu’ils ont eu était que d’une part, lorsqu’on pratique la masturbation, c’est à dire qu’on prend en main ses propres besoins, au propre comme au figuré, et donc on n’est pas entièrement dépendants de son / sa partenaire pour répondre à ses besoins. Et c’est, je dirais, l’un des prérequis de la compersion. C’est à dire que je ne suis pas dans la dépendance de l’autre, mon partenaire peut s’éloigner momentanément de moi, aller vivre l’exploration de ses propres besoins et désirs. Et je ne suis pas complètement perdue si j’ai moi-même des besoins, je peux y répondre. Et là, ça peut être des besoins sexuels aussi bien que des besoins affectifs, que des besoins sociaux, des besoins de toutes sortes. Mais mes besoins de façon générale, je peux y répondre en collaboration avec mes partenaires, mais je peux aussi y répondre par moi-même à certains moments. Et ce n’est pas la fin de tout si je dois être autonome dans la réponse à mes besoins. Donc ça c’est une partie du chemin qui se fait vers la compersion. Je peux être autonome dans mes besoins. Par ailleurs, les gens qui pratiquent fréquemment la masturbation, ben on sait qu’ils ont… Ca vient avec un imaginaire sexuel, avec une vie intérieure de fantasme, que si on accepte, on a soi-même ses propres fantasmes, ce sera plus facile d’accepter que nos partenaires également ont une vie imaginaire intérieure concernant leur sexualité, on comprend qu’ils ont leurs propres fantasmes, qu’ils y ont droit comme soi-même on y a droit. Et alors ça l’est également, ça pare déjà la route vers le sentiment d’éprouver de la joie en voyant que nos partenaires peuvent accomplir leurs fantasmes, peuvent vivre leurs propres désirs qui ne nous incluent pas toujours et que, au final, chacun a droit à  cette petite dimension d’explorer les fantasmes, d’explorer un imaginaire. Donc c’est le lien que les chercheurs ont fait entre la compersion et la masturbation et je trouve ça absolument magnifique.

Olivier : 17:55 Effectivement, c’est surprenant, ça aurait été difficile d’imaginer la réponse, de prédire la réponse de cette étude. Ça interpelle et ça semble logique effectivement. Comme tu racontes ben dans les fantasmes du ou des partenaires, ou des partenaires qu’on a, on n’est pas toujours inclus en fait dans le désir de l’autre, ce qui un peu logique quelque part.

Marie-Claude L’Archer : 18:12 Soit ça peut égratigner notre ego, de dire « mais non, je devrais toujours être inclus dans ses fantasmes », voir « je devrais être le seul objet de ses fantasmes » et puis finalement, non, ce n’est pas la réalité. Et lorsqu’on se confronte à cette réalité et qu’on accepte, qu’on se met un petit peu en retrait et qu’on se dit « Mais mon partenaire n’est pas non plus le seul objet de mes fantasmes » et qu’on se dit « Mais il y a une belle diversité à reconnaître et à accepter ». Et puis apprendre à accepter que ça ne me menace pas, ça ne menace pas mon statut et ça ne menace pas l’amour qu’on partage, notre intimité, et tout. À la limite on finit par comprendre que ça enrichit ce que nous on vit lorsque mon partenaire va explorer ses propres fantasmes. Il s’en trouve enrichi et il peut rapporter cet enrichissement dans notre relation à nous. Donc le fait que ça ne m’inclus pas ou finalement j’y gagne quelque chose.

Olivier : 19:14 Ça résonne avec des expériences vécues. J’ai vécu ce sentiment de compersion il y a quelques années. Comme tu disais c’est contextuel, en fonction de notre vie, des rencontres, de comment la vie change et nos relations changent. Et il y a eu un moment de ma vie où j’ai pu le vivre et j’ai trouvé ça fabuleux. Parce qu’en fait ça enrichit énormément la relation de dialogue, de discussions affectives, les réflexions, l’intimité, la complicité. On abordait plein de thématiques nouvelles grâce aux éléments extérieurs, ou en tout cas en voyant la vie de manière beaucoup plus vaste sans la limiter à nous-mêmes. Ça permettait de vivre plein de choses fabuleuses qu’on n’aurait pas fait nécessairement à deux et pourtant naviguer et d’enrichir notre relation grâce à tout ça. Donc moi j’étais plein de gratitude aussi pour tous les autres partenaires, parce qu’il y avait ce foisonnement de beauté finalement, parce que c’est tous des moments de joie. Mais effectivement ça demande comme tu dis de ne pas se comparer, d’accepter cette différence, de reconnaître en fait toute cette diversité. Et dernièrement, en préparant ce podcast, évidemment, j’en parlais autour de moi et j’étais dans un café et on parlait. Et puis les gens m’ont dit mais « quel serait ton conseil? » Et m’est venu à l’idée, la première c’est « ne vous comparez pas ». On n’est pas dans un monde ni de compétition, ni de menace, ni quoi que ce soit, arrêtons de nous comparer. Par exemple voilà, je suis petit, blanc mais je ne serai jamais un grand musclé, ou un black ou je n’en sais rien, façon de parler, voilà, je suis qui je suis et je n’ai pas besoin de me comparer aux autres. On est tous différents et tout le monde coexiste et c’est fabuleux comme ça. Et profondément cette idée-là, de me dire, ça ne sert à rien de se comparer, je me fais juste du mal. Et sur base de quels critères J’aurais envie de me comparer plutôt qu’un autre? Est-ce que toi, de ton côté, tu auras un conseil comme ça qui viendrait à l’esprit pour heu…

Marie-Claude L’Archer : 20:47 Je suis tout à fait d’accord avec toi et j’ajouterais : si on doit comparer, si on ne peut pas résister à l’envie, soit de se comparer à d’autres personnes ou encore de comparer nos partenaires entre eux, je dirais que le résultat idéal d’une telle comparaison devrait être de faire ressortir l’unicité de chaque partenaire. C’est à dire qu’est ce qui fait que chaque personne a sa saveur particulière? Ou qu’est ce qui fait que chaque personne apporte une couleur à notre vie? Par exemple, avec certains partenaires ce sera des discussions intellectuelles absolument fabuleuses, avec une autre personne ce sera de partager certains intérêts ou certaines activités donc chaque personne apporte une chose différente à notre vie. De fait, une amie me disait hier, on lui dit souvent : « tes deux partenaires sont vraiment très différents » et elle leur répond « mais de quel intérêt ce serait si j’avais deux fois le même? », on ne voudrai pas avoir quatre partenaires pareils, ça passerait complètement à côté de l’objectif. Donc justement lorsqu’on est tenté de dire « mais moi je ne suis pas comme l’autre », non, mais c’est justement le point positif, je ne suis pas comme l’autre et l’autre n’est pas comme moi. Alors si on souhaite être comme l’autre, c’est certain qu’on sera déçu. Mais si on souhaite célébrer la différence et la diversité, alors là c’est merveilleux. Personne ne peut être exactement comme moi. Et de fait, c’est exactement la raison pour laquelle mon ou ma partenaire va me choisir, c’est que y a personne d’autre qui n’est ce que je suis. Je suis… S’ils veulent quelqu’un comme moi ils sont obligés d’être avec moi, voilà, ils sont obligés de me choisir…

Olivier : 22:41 Ah c’est magnifique, merci Marie-Claude, c’est vraiment très beau de s’offrir cette belle phrase régulièrement, quotidiennement. Si les gens veulent être avec moi, ou veulent quelqu’un comme moi, c’est avec moi qu’ils seront. Et c’est vrai que cette diversité elle est très vaste parce qu’elle parle dans la manière de s’exprimer et de voir la vie, sa philosophie de vie, la spiritualité, l’ouverture, la manière de vivre, l’humour, enfin tellement de choses, le style vestimentaire, il y a tellement de choses qui font que : je ne vois pas en fait effectivement pourquoi se comparer? Parce qu’en fait il y a des milliards de choses de différents et si on s’écoute dans notre propre histoire, c’est encore plus vaste si on prend la notion du temps en plus. Ouais, c’était un très beau conseil, merci.

Marie-Claude L’Archer : 23:17 Et si on veut penser à la différence entre les personnes, je dirais que, et puis ça fait un lien direct avec la sexualité, c’est que le polyamour offre la possibilité de vivre cette différence-là du point de vue de l’identité de genre et du sexe des partenaires. Parce qu’il y a beaucoup de gens, davantage même que ce qu’on sait, il y a beaucoup de gens qui sont bisexuels ou qui sont pansexuel, c’est à dire qu’ils n’aiment pas que des gens d’une seule identité de genre. Ils vont aimer les hommes, les femmes, les personnes non-binaires. Et au final, lorsqu’on est monogame on doit choisir, on choisit une personne et ça vient avec soit une sexualité hétérosexuelle ou une sexualité homosexuelle. Mais parfois on a envie, on aime des gens de différentes identités de genre. Et le polyamour permet, c’est l’une des beauté, je peux vivre une sexualité hétérosexuelle avec Pascal et je peux vivre une sexualité homosexuelle avec Vanessa. Et puis si un jour j’ai un partenaire non-binaire, un partenaire transgenre, ça ouvre encore d’autres possibilités sur le plan affectif, sur le plan de l’exploration sexuelle, il y a cette dimension-là dans le fait que les gens sont uniques, chacun vient avec une identité de genre différent. Et l’une des choses que les gens vont souvent découvrir, j’ai été étonnée d’ailleurs du nombre de témoignages que j’ai vu à cet effet, c’est que nombre de personnes, en découvrant le polyamour, se sont en fait découvert asexuelle, ce qui peut être étonnant parce que le cliché qui est partiellement fondé c’est que « ah les polyamoureux, vous couchez avec tout le monde ». Et, bien que cela vienne avec une montagne de préjugés, on est forcé d’admettre que, sans coucher avec tout le monde, bien sûr c’est pas fondé, mais les recherches ont démontré que les polyamoureux ont en général un taux de satisfaction face à leur sexualité qui est nettement plus élevé que la moyenne de la population. Et ça vient du fait d’avoir une diversité de partenaires, qui permet d’avoir une diversité d’expérience. Et puis c’est difficile de tomber dans la monotonie lorsque justement on a cette diversité là et qu’on a la possibilité d’explorer. Mais il y a aussi des gens qui sont complètement de l’autre côté du spectre et qui n’éprouvent aucune attirance pour la sexualité, qui n’ont pas ces pulsions, qui n’en ont pas envie. Ou encore qui aiment bien vivre une sensualité, voire un érotisme, mais d’une manière absolument non génitale. Donc ça tombe difficilement dans les cadres de ce que on définit comme la sexualité habituellement. Mais dans la société en général, la sexualité est souvent perçue comme un problème. Si tu n’as pas de désir sexuel, tu es quelqu’un d’anormal. Et c’est en arrivant dans une communauté polyamoureuse que les gens s’aperçoivent parfois que « Hey non, ça peut être tout à fait normal » de faire partie de ces personnes qui n’ont a priori pas d’intérêt pour une vie sexuelle. Et en ayant plus d’un partenaire, ça facilite la possibilité d’avoir quelqu’un qui va dire « oui, je veux bien une relation amoureuse avec toi, je veux bien partager une sensualité, des câlins, de la douceur. Mais ok, ça n’impliquera aucune génitalité » et sachant que cette personne-là aura d’autres partenaires avec qui avoir une sexualité active, bah ça ne leur enlève rien d’avoir un partenaire, une partenaire pour qui la sexualité n’est pas importante. Tandis que dans une relation monogame, si on a un partenaire asexuel, ben tout d’un coup ça veut dire qu’on est condamné à la chasteté donc les gens n’acceptent pas ça aussi facilement. Ils vont dire on va en thérapie, on va régler le problème et tout de suite, justement, c’est perçu comme un problème. Alors qu’en ayant plus d’un partenaire, plus d’une partenaire, ça ne devient pas un problème à régler, ça devient une caractéristique, ça devient quelque chose à honorer, ça devient quelque chose qu’on peut trouver beau de dire “bah je suis une personne qui vit une vie sans sexualité et je suis heureux là-dedans” .

Olivier : 27:53 Je fondais de joie et d’amour par rapport à la beauté de tes mots. Vraiment, c’est tellement plein de, je trouve, de sagesse, de bon sens, de compassion, d’empathie. Et ça crée un univers aussi inattendu pour beaucoup de gens probablement qui ne connaissent pas nécessairement le polyamour. Ou comme tu dis, on a dans l’imaginaire l’impression que tout le monde doit faire l’amour avec tout le monde et que finalement la sexualité, donc être ou vivre à un moment d’asexualité – donc sans sexualité – serait contradictoire, alors qu’il peut émerger et apparaît peut être beaucoup plus fréquemment dans ce contexte-là. Parce qu’on peut se le permettre, on n’aura pas à prouver, on n’est pas en compétition, on est tel qu’on est et on nous choisit tel qu’on est. Et on peut s’exprimer dans nos désirs de manière plus directe et authentique, j’imagine, sans devoir correspondre à une norme puisqu’en fait il n’y a pas, presque pas de norme, chacun est comme il est. Je dirais si on arrive à être dans des follicules ou dans des communautés où cette ouverture d’esprit est présente ou se développe… (Marie-Claude L’Archer : Absolument). Voilà, t’as écrit le premier livre sur la compersion il y a cinq ans, et donc t’es venue, voilà, il y a d’autres, enfin, d’autres sources d’inspiration, t’as envie de partager autre chose et quel sera le sujet de ton prochain livre?

Marie-Claude L’Archer : 28:56 Alors le sujet de mon prochain livre portera sur les mythes qu’on a autour de l’amour, des relations, de la sexualité, voire des mythes qu’on a à propos de soi-même. Je dirais que Compersion est un livre que j’avais écrit avec mon cœur, vraiment, je me suis éviscéré dans ce livre. En fait, Compersion était le livre que j’aurais eu besoin de lire lorsque j’ai moi-même découvert le polyamour. Mais je me suis rendu compte que, même avant d’arriver à cette étape où on a besoin de développer le sentiment de compersion, il y a des réflexions qui se sont faites afin d’arriver à ce moment où on commence à mettre en pratique le polyamour. C’est à dire que, avant de sauter à pieds joints dedans, il y a tout de même une sorte de remise en question, il y a des moments où on s’aperçoit que le mythe qu’on a, les idéaux qu’on a concernant l’amour et les relations ne sont que ça finalement, des mythes. Donc mon prochain livre revient sur cette étape préliminaire je dirai, où on se remet en question, on fait « Ah ouais, mais c’est pas tout à fait exact » . Je dirais, je pense notamment au mythe que : on ne peut aimer qu’une seule personne à la fois. Il y a des gens qui sont déjà en relation, qui sont déjà, qui aiment profondément leur partenaire et puis, tout d’un coup tombent, sur quelqu’un d’autre. Une nouvelle personne absolument fascinante, commence à développer des sentiments et, tout d’un coup, la question où l’idée reçue qui leur tombe dessus c’est « Ah mais si je tombe amoureux d’une 2e personne, ça doit vouloir dire que j’aime plus la première », bon, parfois ça peut être vrai. Des fois, les gens tombent amoureux d’une 2e personne parce qu’ils ne sont plus amoureux de leur partenaire. Mais à priori pourquoi est-ce qu’on assume que si on aime quelqu’un, ça veut dire qu’on n’aime plus l’autre ? Parce que finalement, si on y réfléchit, le plus souvent les gens aiment les 2 personnes et c’est surtout qu’ils les aiment de manière différente parce que on ne peut jamais aimer 2 personnes de manière identique, puisque les gens ne sont pas pareils. Alors il y a ce mythe qu’on ne peut aimer qu’une seule personne et il faut le déconstruire si on veut pouvoir mettre en œuvre le polyamour où ne serait-ce que juste se laisser vivre ce sentiment d’aimer 2 personnes en même temps. Il faut confronter le mythe et la réalité. Donc voilà, ça c’est l’un des nombreux mythes que j’essaie de déboulonner dans ce livre mais il y en a des tas.

Olivier : 31:44 Merci de nous partager le fruit de tes réflexions, et ton cheminement, et tes conseils dans tout le domaine de la relation et de la sexualité. C’est vrai qu’en t’écoutant m’est venu à l’idée : c’est un peu comme quand on a plusieurs enfants. Quand j’ai eu mon 2e enfant j’ai dit au premier « écoute, il n’y a pas de compétition, je vais aimer, enfin, j’ai appris à aimer encore plus grâce à toi et la présence de ta petite sœur ça va être encore plus pour tous les 2 ! Quelque part j’apprends encore plus de facettes et c’est comme une vibration quelque part. Il n’y a rien qui est perdu, ni gagné. Ce n’est pas que je donne un morceau et qu’il y en a moins pour l’autre, non ! C’est juste un état d’être, de joie, qui peut être radié et s’irradier comme ça et être partagé » et un peu comme le sentiment d’amour, ou de désir, ou de joie. Ce n’est pas l’un qui fait défaut ou bien un qui est moins bien que l’autre, c’est juste qu’on le vit pleinement et on peut le partager, le rayonner. Et tout intégrer, quelque part inclure tous ces sentiments et enrichir la relation de base qui est aussi grâce heu…. Grâce à laquelle on est là et on a avancé aussi. Donc c’est très, très, beau ! Je suis très curieux de découvrir ton prochain livre, il sortira quand ? Dis-nous…

Marie-Claude L’Archer : 32:47 Alors, je suis en ce moment en négociation avec une maison d’édition qui aimerait le voir paraître en septembre 2023. Donc ce serait l’automne prochain, alors ce n’est pas encore signé, c’est les aléas d’être auteur, mais ouais, il est possible que ce soit septembre 2023. 

Olivier : 33:07 On communiquera les informations quand tu nous les communiquera comme ça tout un chacun pourra aussi recevoir les nouveautés et les informations dès qu’ils sortiront (Marie-Claude L’Archer : Ouais). Est-ce que tu aurais envie de communiquer autre chose sur ces domaines de polyamour et sexualité que t’as envie de transmettre aujourd’hui, qui te donne du cœur à transmettre avant de clôturer le podcast ?

Marie-Claude L’Archer : 33:29 En fait je dirais que, de mon expérience personnelle et de ce que d’autres polyamoureux m’ont abondamment témoigné, c’est que le polyamour permet de découvrir, autant du point de vue émotionnel que du point de vue sexuel, combien la diversité est plus vaste, combien il y a tellement plus à explorer que ce qu’on imagine à priori. Pour avoir été plusieurs années dans une relation monogame, souvent ce qui se vit c’est : au début on est tout feu tout flamme, on fait l’amour 3 fois par jour, on n’en a jamais assez de l’autre… Mais, lorsque le quotidien s’installe, au bout d’un moment, la libido s’essouffle, l’imaginaire pâlit un peu, on a l’impression d’avoir fait le tour de ce qui était possible et puis on en est souvent très triste mais… Où on est très cynique à propos de ça : « Bon, c’était inévitable et puis… ». Et puis quand vient le polyamour on se met à explorer et en fait c’est exponentiel, différentes personnes, différentes situations, autant affectivement que sexuellement. Je dirais, ça devient un cliché de dire « c’est l’univers des possibles qui s’ouvrent à nous » mais c’est exactement ça. Il y a tellement plus que ce qu’on peut imaginer, et chaque personne qui entre dans notre vie nous fait découvrir un peu plus de cet univers des possibles donc je trouve ça absolument magnifique. Dans ma vie personnelle ça s’est traduit par le fait que j’ignorais tout à fait que j’étais bisexuelle. J’avais 39 ans lorsque je suis devenue polyamoureuse et à 39 ans je n’avais aucune idée que je pouvais être attirée par les femmes. Et, à la limite, je me disais « bon, sexuellement ça va, je peux m’amuser un peu » mais j’ignorais que je pouvais tomber amoureuse d’une femme, c’était absolument une nouveauté dans ma vie, je suis tombé en bas de ma chaise lorsque j’ai découvert ça. Mais c’est une dimension absolument fabuleuse. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de découverte de soi !

Olivier : 35:38 Merci ça me fait penser au fait que la compersion c’est la joie de voir son, sa partenaire, vivre pleinement dans d’autres relations amoureuses, affectives et sexuelles. Et de se dire que ce sentiment de compersion c’est aussi indépendant aussi de la sexualité parce que peut être que des personnes qui nous écoutent se disent « Mais est-ce que ce sujet me parle ou est-ce que…ou le polyamour ça m’intéresse ou pas ? ». Mais d’un autre côté cette richesse, cette abondance affective, dont tu parles, elle peut aussi exister. Il y a tellement de types de relations à inventer, à créer en fonction de son propre besoin. Je reviens sur ce que tu disais tout à l’heure, au début du podcast sur : écouter ses propres besoins, écouter le contexte, écouter ses désirs, ne pas se figer où se… Essayer de correspondre à un concept ou un idéal qui est de toute façon différent dans la tête de chacun. Et de se dire « tiens, moi tel que je suis, même si quelque part je n’ai peut-être pas plusieurs partenaires sexuels ou que j’aurais envie ou que je n’en ai pas l’occasion, comment je peux… » Il y a une multitude de manières d’enrichir et de voir l’abondance, ne fusse qu’en ouvrant le dialogue autour de la sexualité autour de soi. Ça fait déjà tellement de bien de progresser et de commencer à s’apprendre, se découvrir, à travers la manière de dialoguer de la sexualité avec d’autres et d’être curieux, de poser la question aux autres. C’est aussi un beau cadeau qu’on peut se faire suivant un peu l’aisance qu’on a, dans notre sexualité à présent. Pour rendre ce podcast encore plus accessible, je dirais, à un plus grand public et pas simplement à une communauté qui se sent déjà polyamoureuse ou plus à l’aise. Je pense que tous tes conseils sont là pour la relation, indépendamment de la manière dont on a dessiné ses propres relations !

Marie-Claude L’Archer : 37:12 Absolument, et je dirais même : pour moi de devenir polyamoureuses ça a été paradoxalement de redécouvrir l’importance de différents types de relations. C’est à dire que tant que j’étais monogame, ma relation maritale était ma principale source de réponse à tous mes besoins. Et il y avait, entre mon mari et moi, une énorme codépendance du fait que chacun devait répondre le plus possible à tous les besoins de l’autre, on était replié l’un sur l’autre. Et, paradoxalement, en devenant polyamoureuses, donc en ayant davantage de partenaires amoureux, on pourrait dire « Ah mais toute ta vie est centrée sur ta vie amoureuse. » et bah absolument pas en fait. C’est aussi de redécouvrir le pouvoir de la communauté, de redécouvrir l’importance des amitiés, qui peuvent être sexuelles mais qui ne le sont pas forcément. Ben de redécouvrir que le sentiment d’appartenance s’enrichit d’être vécue avec plus de types de relations que seulement les relations amoureuses. Donc ça peut se vivre tout aussi bien dans la monogamie parce que, les amis, c’est fondamental ! Et souvent on les laisse, on les laisse partir de notre vie sans trop s’en apercevoir lorsque… On tombe amoureux et tout d’un coup on se replie sur le partenaire, et ça y est les amis s’éloignent un peu, disparaissent de notre vie. Alors qu’en fait on devrait les garder tout proche ! On a besoin d’une diversité de sources affectives pour ne pas toujours être accrochées à notre partenaire amoureux et ne pas dépendre entièrement de cette source d’amour. 

Olivier : 38:56 Merci Marie-Claude, merci pour ce très, très beau podcast. Merci du fond du cœur !

Marie-Claude L’Archer : 39:01 Tout le plaisir pour moi, merci à toi. 

Olivier : 39:04 La dernière question du Podcast c’est : aurais-tu un conseil, indépendamment du polyamour et de la compersion, du sujet d’aujourd’hui, mais en relation avec la sexualité. Aurais-tu un conseil à faire découvrir aux gens qui nous écoutent ? Ça peut être un atelier, un auteur, une expérience, ou quelque chose lié à la sexualité qui, peut-être pour toi, était un tremplin ou quelque chose de fort, d’épanouissement

Marie-Claude L’Archer : 39:27 Alors j’ai eu un coup de cœur, peut-être que tu la connais déjà Olivier, c’est l’auteure Esther Perel. Qui a écrit L’intelligence érotique, qui est un livre absolument magnifique. Et ce qui est magnifique c’est que ses conseils s’appliquent aussi bien aux monogames qu’un polyamoureux, ça touche à tout le monde. Et elle parle de désir, elle parle de fantasme, elle aborde tout un tas de sujets. Elle parle également d’infidélité, ce qui est un sujet qui touche beaucoup de gens ! Alors Esther Perel : « l’intelligence érotique » ça, ça a été un énorme coup de cœur pour moi, je le recommandé à tout le monde

Olivier : 40:07 Merci beaucoup. Et voilà, c’est la fin du podcast !

Marie-Claude L’Archer : 40:12 Ben je te remercie de m’avoir accueillie Olivier et puis j’espère que les auditeurs ont passé un aussi bon moment que ce que j’ai passé en ta compagnie, donc merci du fond du cœur.

Olivier : 40:23 Merci à toi. Sachez que si vous voulez nous soutenir on a besoin aussi de fonds pour pouvoir créer tous ces podcasts professionnellement et pérenniser toutes ces activités qui servent au plus grand public. Notre association sans but lucratif est là pour vous aider et on a aussi besoin de fonds. Donc si vous voulez nous faire une donation, on mettra les liens dans le podcast, vous pouvez modestement donner 3€ par mois, ou 10, ou 15$, comme vous voulez, ça nous fera très plaisir. On vous souhaite une belle fin de journée et rendez-vous au prochain épisode !

Générique Outro sur tapis musical : 40:54 « Entr’Nous (voix féminine Katalin) ; Entr’Nous (voix masculine Olivier), le podcast (Katalin) pour parler (voix masculine Michel) de sexualité (Olivier) par vous (Michel), avec vous (Olivier), pour vous (Katalin) » 

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Le podcast avec Céline Rouge & Frédéric hoebeeck en format téléchargeable :

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